La critique de l'Affiche

L'avis de
Mordue
J’étais venue pour une petite soirée détente en mode Contes de Perrault. Un truc léger, visuel, sans prise de tête. Quand je vois l'orchestre s'accorder dans le fosse de l'Athénée, j'avoue que je prends peur. Je boude un peu. Je suis trop fatiguée pour un opéra. Mais quand je jette un œil à la scène, j’ai des étoiles qui s’allument dans le regard. Ce décor me plaît bien. Il a quelque chose de l’enfance, quelque chose de la féérie. Je sais qu’avec Valérie Lesort, c’est toujours un voyage. Alors je me cale dans mon siège, et j’embarque pour ce que je croyais être une petite soirée détente... et qui s'est révélé un grand show !
Je ne m’attendais pas à autant de liberté, ni à autant de précision. Les contes se croisent, les frontières se troublent, et on se balade dans un univers à la fois familier et inattendu. Cette fluidité accentue la rêverie... qui est partout sur le plateau.Visuellement, l’univers est assez fou. Une vraie féérie – mais simple, légère, audacieuse. On est dans l’imaginaire d’un enfant qui aurait eu accès à tout un stock de papiers colorés, de paillettes, de tissus froissés et de perruques à dessiner lui-même. Bolduc, carton, papier mâché, papier cresson… Et malgré ce joyeux bricolage, tout s’aligne avec une élégance folle. Comme si cet imaginaire avait été mis en ordre par un Christian Lacroix de cour de récré (ici, Christian Lacroix s'appelle Vanessa Sannino). C’est très visuel, très coloré, très élégant. On entre dans un livre des merveilles version Aquarellum 4D. Une féérie assumée, sans ironie, sans détour, où l’on ose les couleurs comme on ose rêver.
On pense à Tim Burton version papier mâché, à des pantins qui s’animent, à une boîte à jouets qui s’ouvre. Une féérie assumée, avec ses zones d’ombre et de lumière, ses gentils et ses méchants – mais sans message à marteler. Juste l’envie de construire un monde, de le faire exister, et de le partager. Un détour par le pays des merveilles, un vendredi soir : franchement, je devrais faire ça plus souvent.